Plaques derrière vous......
Plaques accrochées à d'austères frontons gris
Exhortant à ne pas oublier les petits
Qu'un jour on a raflés et conduits à l'enfer
Hommages éternels gravés dans votre pierre.
Derrière vous l'école, même odeur, mêmes bruits
Cloche, récréation, enfants qui courent et rient
Sous ce même préau où d'autres sont partis
Quand des loups sanguinaires un jour les ont surpris
Des loups cachés sous le cuir de leurs longs manteaux
Qui hurlaient : « Tennenbaum, Salomon, Trigano… »
Aux gamins pétrifiés qu’ils venaient emporter.
Une fois capturés, la classe reprenait.
De vos lettres gravées vous nous les rappelez
Plaques, ces tout petits, eux qui n'avaient rien fait.
Punis? D'avoir crié Maman? Ils avaient peur
Le garçon tient la main de sa petite sœur
Lettres blanches ou noires, en bas-reliefs, dorées… :
« ...Dans cette école... Là... Ils étaient des milliers...
Parce que Juifs.... Ici .... Ils habitaient Paris ...
Victimes de Vichy et de la barbarie… »
Mais on voudrait savoir: ces enfants enlevés,
Comment s'appelaient ils pendant qu'ils s'amusaient ?
Plaques, derrière vous et sur ces petits bancs
Étaient assis Simon, Déborah, Jonathan
Sarah et Benjamin. Et que leur a t on fait ?
Plaques, derrière vous on voit de la fumée
Des barbelés, des trains, et des chiens qui mordaient
Les petits prisonniers, David, Salomé…
Plus tard, des gens sérieux venus vous accrocher
Ont dit : "plus jamais ça" ou " n'oublions jamais"
Mais ceux qui aujourd'hui, assis derrière vous
Vincent, Ahmed, Sophie savent ils que les loups
Sont revenus avec couteaux et pistolets
Et que même certains ont déjà dévoré
D'autres petits enfants, Raphael, Rebecca,
Accusés d'avoir fait plein de morts à Gaza
Plaques, vous n'avez donc pas pu les arrêter ?
Secrètement ces loups vous ont ils descellées?
Ou bien les cancrelats grouillant derrière vous
Vous ont ils gangrenées en vous criblant de trous?
Les loups cette fois ci ne portent plus de cuir
Mais sont aussi cruels. Leur haine est même pire
Ils ne déportent pas eux, ils œuvrent surplace
Et cachent leurs petits sur les bancs de la classe.
Robert BOUBLIL
Mai 2015
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